Manifeste de l'hypermonde (suite)
L'homme est un animal qui se pose toujours
des questions. Il se tourne souvent sur le passé et quelquefois
fait des projections dans l'avenir.
Je parle ici de l'homme qui a une tête pour s'en servir, pas de
l'écervelé. Je parle de ceux qui s'intéressent à l'homme, pas
de ceux qui réfléchissent à leur repas du soir...
Toutefois l'homme n'est pas un être standardisé (ou tout du
moins pas encore: il peut y arriver d'ici quelques siècles).
Chacun se situe à un point d'une trajectoire. Ce qui
l'intéresse, c'est d'évoluer sur cette trajectoire, suivant son
désir, sa visibilité de l'avenir. Le séminariste se voit-il
évêque, pape? Le cambiste va-t-il devenir trésorier d'une
société internationale? Le vendeur de journaux être élu prix
Goncourt ? Le chef du personnel se transformer en père chartreux
?...
Comment "voir l'avenir" ? C'est un rêve de l'homme
depuis toujours. Il fait d'ailleurs souvent appel à des
"voyants". Il y croit d'autant plus qu'il n'a pas
d'éléments objectifs à sa disposition pour bâtir de futur
tant désiré. C'est donc le cas pour les questions les plus
difficiles et souvent les plus importantes! Il n'y a qu'à
connaître le nombre de grands politiciens qui consultent...
Mais alors, si on peut être si sceptique sur l'apport de
vérité donné par les mages, que pouvons-nous proposer d'autre?
En fait, depuis que l'humanité existe, elle a su gérer des
informations: voir les grottes rupestres, les pierres alignées
ppuis gravées, les temples incas, égyptiens, orientaux, les
papyrus, les missi dominici, les incunables, l'imprimerie, le
télégraphe de Chappe, la poste, le téléphone, la radio, la
sténographie, la mécanographie, le télex, la télévision,
l'informatique, la bureautique, les télécommunications... à
titre d'exemples!
Le processus s'accélère, car nous savons utiliser plus
rapidement nos inventions pour innover. Nous développons de
nouveaux outils, de plus en plus puissants, qui forcent les
développeurs d'applicatifs à faire preuve d'imagination, afin
d'être les premiers à proposer un nouveau système
d'information encore plus performant.
Arrêtons-nous une seconde entre le passé et le futur.
Très difficile de répondre.
- quelques quelques uns ot des micro-ordinateurs, dont une partie
sont plus ou moins connectés à des réseaux
- une infirme minorité pratique le multimédia ou le travail de
type collectique (travail communautaire avec des stations
interconnectées).
Dans tous les cas, l'emploi du stylo et du papier est pratiqué.
Le poste fonctionne bien; la photocopieuse aussi. Quant au
téléphone, il arrive encore que certaines lignes soient
saturées!
Et l'hypermonde? Serait-ce le résultat d'un groupuscule qui
procède régulièrement à des élucubrations de spécialistes
en mal de progrès?
Non, c'est l'expression d'hommes d'expérience qui ont su
regarder, examiner comment le passé était devenu présent. Qui
savent extrapoler comment les moyens actuels pourront, en se
développant, rendre le bon service aux hommes de demain.
En effet, qui est conscient que c'est un prodige de pouvoir
écouter l'orchestre philarmonique de Berlin en plein désert ou
au milieu du Pacifique. Pense-t-on au seigneur qui payait le
troubadour de passage, il y a seulement cinq siècles, pour qu'il
lui chante une comptine? De même, la télévision est devenue
portative et les satellites permettent, avec de petites antennes,
de capter une émission sans aucon "raccord"
physique...
On ne doute donc plus guère des possibilités que la technique
peut nous offrir (et on a tort car il y a toujours des limites,
par exemple, un écran plat couleur de bonne résolution, bonne
diagonale, à un prix raisonnable).
La question qu'il faut se poser est : a-t-on encore besoin de
progresser? Il faut d'autant plus se la poser que certains
n'hésitent pas aujourd'hui à jeter notre progrès
(particulièrement informatique) aux gémonies! La crise
économique ou la désorganisation financière internationale,
étant passés par là. Là encore, il est nécessaire de se
placer en trajectoire et non pas de faire un examen ponctuel: le
progrès technologique a toujours apporté bien-être et richesse
à l'homme. Pensons au niveau de vie et au temps de travail, il y
a 20 ans, 50 ans, 100 ans!
Non, la base de notre humanité réside plutôt dans la
concentration urbaine. Les agriculteurs ont d'abord dû
abandonner leurs champs pour aller travailler à la ville. Puis
les ouvriers se sont petit à petit transformés en "cols
blancs" et doivent venir, dans les bureaux des centres
régionaux: les routes sont engorgées, les trains bondés. Les
deux heures de transport par jour sont fréquents: quel
gaspillage d'énergie!
Reste que son assimilation sera, comme
toujours, longue, avec des à-coups, des erreurs d'introduction,
des rejets ponctuels et des enthousiasmes irréalistes. Les
usagers ne sont jamais demandeurs mais "à la remorque"
de quelques novatuers. Les directins d'entreprise sont rarement
téméraires et il faudra la conviction d'hommes de l'art pour
assurer son introduction.
Alors, chez soi, on triera son courrier électronique (écrit ou
oral), on rejettera les "prospectus électroniques" et
transmettra les informations nécessaires à ses collaborateurs.
On pratiquera la télé-réunion d'organisation de la journée,
préparera la tournée de visio-contacts avec les prospects et
clients... On fera aussi ses courses en télé-achat tandis que
les enfants suivront certains cours en télé-enseignement. Les
moyens de transport, route et rail, seront transformés en
câbles et autre transmissions hertziennes.
Mais alors, n'y a-t-il pas danger pour l'animal-homme? Déjà la
vie moderne l'a affublé du "mal de dos" et de crises
cardiaques dues aux vibrations, au stress et au manque
d'exercices physiques.
C'est là que devra intervenir la sagesse et que la crise
actuelle peut nous aider. On peut considérer que, pour beaucoup,
notre niveau de vie matérielle est devenu suffisant. Par contre,
nous vivons mal. De plus, le taux d'activité est inférieur au
potentiel total du travail. Bon sang, mais c'est bien sûr! Il
faut partager l'activité totale entre tous les travailleurs. Il
fau développer l'hypermonde qui accroîtra notre productivité
et nous permettra d'être concurrentiel. CQFD.
Mais, par ailleurs, il y a danger. L'homme peut se perdre dans
l'hypermonde. aussi bien physiquement que psychiquement.
Physiquement, il pourra "tout faire" de son fauteur
(pourquoi pas de son lit, pendant qu'on y est). Il risque donc
l'anémie, l'atrophie.
Psychologiquemnet, il pourra "rentrer" dans son écran,
perdre la réalité de son entourage, du monde. Flotter dans
l'imaginaire. Voir des éléphants roses. Entrer, comme en
lévitation, dans une sorte d'hypnose, dont il pourrait avoir du
mal à sortir.
En fait, là aussi, la réponse est simple. De bon sens. On a vu
que le temps de travail était abrégé. Le temps libre est donc
augmenté. Il y a place pour des activités différentes:
exercices sportifs pour l'entretien du corps, mais aussi
culturels pour celui de l'esprit, de la connaissance. On pourra
voir ainsi progresser la vie sociale, associative. On gagnera en
qualité de vie individuelle et collective.
L'hypermonde, un paradis? Non, le progrès. Car l'homme cherche
tujours l'idéal. Il ne le trouvera pas sur terre. De plus, il a
besoin d'évoluer, de progresser, pas d'être égalitaire. Chacun
est sur sa trajectoire. Mais, à un moment ou à un autre, on est
informé d'une trajectoire supérieure, qui fait envie.
A la limité, on peut penser que cette évolution technologique
renforcera l'inégalité? Une ségrégation pourrati se faire en
fonction des capacités intellectuelles des hommes, comme elle se
faisait dans le temps en fonctdion de leurs capacités physiques.
Alors, comment entrer dans l'hypermonde? Il faut commencer par
s'armer de curiosité et de patience. En effet, nous sommes
l'aube de ce monde nouveau. Il existe des embryons
technologiques, comme lorsque le traitement de texte débutait,
vers 1970. Mais, de même, les premiers utilisateurs serotn les
découvreurs qui gagneront le plus.
N'hésitons donc pas à utiliser les outils multimédia et
collectifs. Informons-nous. Adaptons notre organisatino pour en
profiter. Impliquons notre entourage. Testons la première
applicatino... N'oublions pas qu'un grand homme a les pieds sur
terre et la tête au ciel!