Précis de Théologie Ascétique et mystique, par Ad. Tanquerey. Huitième édition. Desclée et Cie, 1924.
On trouvera une notice (en allemand) sur la vie et les oeuvres de Tanquerey en http://www.bautz.de/bbkl/t/tanquerey.htm.
Les gras et les italiques sont repris, aussi fidèlement que possible, de l'original
1289. Quand on a purifié son âme, quand on l'a ornée par la pratique positive des vertus,on est mûr pour l'union habituelle et intime avec Dieu, en d'autres termes pour la voie unitive.
Remarques préliminaires
Avant d'entrer dans le détail des questions, il faut exposer brièvement: 1° le but à poursuivre dans cette voie; 2° ses caractères distinctifs; 3° la notion générale de la contemplation, qui est l'un des caractères généraux de cette voie; 4° la division à suivre.
...
1296. Conclusion. Par là on peut voir quels sont ceux qui conviennent à la vie unitive: ce sont ceux qui réunissent les trois conditions suivantes:
a) Une grande pureté de coeur, c'est-à-dire non seulement l'expilation et la réparation des fautes passées, mais le détachement de tout ce qui pourrait conduire au péché, l'horreur pour toute faute vénielle de propos délibéré et même pour toute résistance volontaire à la grâce; ce qui n'exclut par cependant quelques fautes vénielles de fragilité, d'ailleurs vivement et immédiatement regrettées. Cette purification de l'âme, ébauchée dans la voie purgative, s'est perfectionnée dans la voie illuminative par la pratique positive des vertus et l'acceptation généreuse des croix providentiellese; elle va s'achever, dans la voie unitive, par des épreuves passives quenous décrirons bientôt.
b) Une grande maîtrise de soi-même, acquise par la mortification des passions, et la pratique des vertus morales et théologales, qui, en disciplinant nos facultés, les soumet peu à peu à la volonté, et celle-ci à la volonté divine. Par là se trouve rétabli, dans une certaine mesure, l'ordre primitif: maîtresse d'elle-même, l'âme peut se donner complètement à Dieu.
c) Un besoin habituel de penser à Dieu, de s'entretenir avec lui, de faire toutes ses actions en vue de lui plaire; on souffre de ne pouvoir s'occuper constamment de lui, et si,par devoir d'état, on se livre à des occupations profanes, on s'efforce de ne pas perdre de vue sa présenc; on se tourne instinctivement vers lui comme l'aiguille aimantée vers le Nord: " oculi mei semper ad Dominum ".
1302. Dans la voie unitive, on peut distinguer deux formes ou deux phases distinctes:
1° La voie unitive simple ou active, qui se caractérise par la culture des dons du Saint Esprit, surout des dons actifs, et par la simplification de l'oraison qui devient une sorte de contemplation active ou improprement dite.
2° La voie unitive passive ou mystique au sens propre, qui se caractérise par la contemplation infuse ou proprement dite.
3° En outre, à la contemplation viennetn s'ajouter des phénomènes extraordinaires, comme les visions et révélations, auxquels s'opposent les contrefaçons diabolitiques, l'obsession et la possession.
4°. En des matières aussi difficiles il n'est pas étonnant qu'il y ait des opinions divergentes ou controverses; nous les examinerons dans un chapitre spécial.
Par mode de conclusion,nous indiquerons quelle doit être la conduite du directeur à l'égard des contemplatifs.
1308 1° Différence entre les dons et les vertus. A) La différence fondamentale ne vient pas de l'objet matériel ou du champ d'action qui est en réalité le même,mais de leur manière différente d'opérer dans notre âme.
...
1309. B) A l'aide de ce principe fondamental, on comprend mieux les différences entre les dons et les vertus:
a) Les vertus nous inclinent à agir conformément à la nature de nos facultés : ainsi, à l'aide de la grâce que nous recevons, nous cherchons, raisonnons, travaillons tout comme nous le faisons dans les actes d'ordre purement nautel; ce sont donc des énergies premièrement et directement actives. Les dons, au contraire nous donnent une souplesse, une réceptivité qui nous permet de recevoir et de suivre les motions de la grâce opérante: c'est cette grâce qui met en branle nos facultés, sans cepdant leur enlever leur liberté, si bien que l'âme nous dit S. Thomas, est plus passive qu'active: " non se habet ut movens sed magis ut mota ".
b) Dans les vertus, nous nous conduisons d'après les principes et les règles de la prudence surnaturelle; nous avons donc à réfléchir, à délibérer, à consulter, à choisir, etc. (n. 1020) ; sous l'influence des dons, nous nous laissons conduire par une inspiration divine qui, soudainement, sans reflexions personnelles,nous presse vivement de faire telle ou telle chose.
c) Comme la part de la grâce est beaucoup plus grande dans les dons que dans les vertus, les actes faits sous l'influence des dons sont normalemnet et toutes choses égales par ailelurs, plus parfaits que ceux qui se font sous l'action des vertus; c'est grâce aux dons que se pratique le troisième degré des vertus, et qu'on fait des actes héroïques.
II. Effets de l'union transformante
1474. ... l'âme est tellement transformée qu'elle s'oublie elle-même pour ne plus songer qu'à Dieu et à sa gloire. D'où:
1° Un saint abandon entre les mains de Dieu...
1475. 2° Un immense désir de souffrir...
1476. 3° L'absence de désirs et de peines intérieures...
1477. 4° L'absence de ravissments... la sérénité parfaite.
1479. En terminant, la Sainte invite ses soeurs à entrer dans ces demeures, s'il plaît au maître du Château de les introduire, mais à ne pas vouloir en forcer l'entrée.