Le Club s'est constittué en association 1901. Il a élu son premier conseil d'administration, composé comme suit:
Pierre Berger (président), Claude Chiaramonti et Jean-Marie Letourneux (vice-présidents), Sylvie Josien (secrétaire), Jean-Paul Bois (trésorier), Olivier Arifon, Philippe Flichy, Jean Strosecki et Alain Vincent.
Une des premiers engagements de la nouvelle association sera la publication d'un "Manifeste de l'Hypermonde", dont la rédaction est déjà bien engagée. Mieux vaut tard que jamais : Jean-Marie Letourneux a enfin trouvé une bonne définition du mot "Hypermonde" : l'espace immatériel créé par la convergence des technologies de l'information. Et nous ajoutons...
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POUR UNE INGENIERIE DE L'ENTREPRISE VIRTUELLE
Malgré l'enthousiasme et le dévouement de ses promoteurs, l'entreprise virtuelle tarde à se généraliser. La parution des livres de Denis Ettighoffer (L'entreprise virtuelle, ou les nouveaux modes de travail, Editions Odile Jacob 1992) et de William Davidow (auteur avec Michael Malone de "The virtual corporation", Harper Collins Publishers 1992) ne suffit pas à faire le printemps. L'écart se creuse entre une minorité de travailleurs surchargés et une majorité composite d'employés sans motivation et de chômeurs sans ressources suffisantes. Les hommes ont toujours besoin d'argent, mais l'argent n'a plus besoin d'eux, pas plus que des usines qui se vident aussi vite que les champs tout en continuant à produire de plus belle.
Le passage au virtuel nous apporte une des clés majeures pour la solution coordonnée de ces différents problèmes. Mais ce n'est pas assez d'avoir ouvert la porte vers les horizons qu'elle nous a découverts. Dans cet immense rêve cahotique, il reste à tracer les routes, à construire les ponts, à creuser les tunnels qui nous conduiront au but.
Pour cela, il nous faut des paradigmes, des théories, dont nous pourrons déduire ensuite une ingénierie efficace. Et les théories ne se fabriquent pas sans recherche et sans budget de recherche. Et la réflexion nous conduit à penser que les budgets nécessaires seront considérables. Aussi cher que le projet Apollo pour atteindre la Lune, avance Jean-Philippe Passot, un des promoteurs les plus courageux et les plus lucides des nouveaux modes d'intermédiation.
Pourquoi une telle difficulté ? Parce que la complexité nous étreint de toutes parts. Pour l'entreprise, par exemple, le passage au virtuel s'accomplit aujourd'hui sous deux formes simultanées : les marchés, d'une part, les moyens techniques et l'organisation, d'autre part. Les marchés de l'entreprise voient la consommation des ménages s'orienter vers des biens immatériels. Ils passent le plus clair de leur temps devant leurs téléviseurs, leurs radios, aux commandes de leurs consoles de jeux et bien entendu aux claviers de leurs ordinateurs.
Quant à l'entreprise elle-même, elle se fait virtuelle avec le télétravail qui organise autrement l'espace, mais conduit aussi à des remises en cause plus profondes des relations de travail, de la relation même de l'individu à l'entreprise.
Ces évolutions se renforcent l'une l'autre. Pour fournir au public des produits audiovisuels et télématiques, l'entreprise n'a plus besoin de lourdes usines mécaniques, d'immenses entrepôts, d'une épaisse logistique. Seuls les Japonais construisent de grandes "usines à logiciels" occupant des tours entières. Les concepteurs occidentaux, laissent plus de place au génie individuel et aux petites équipes, éparpillées de Sophia-Antipolis à Cambridge, de Palo Alto à Munich, à Budapest et bientôt à Moscou.
Mais les mouvements du marché et de l'organisation ne se mettent pas toujours automatiquement en phase. Les investissements en machines comme l'évolution culturelle ne peuvent se faire tous ensemble. Sinon elles butent sur les limites des capacités financières autant qu'intellectuelles et psychologiques.
Le "business re-engineering" et le changement des pratiques de consommation ne s'ajusteront pas entre eux par miracle. Le management des entreprises n'y suffit pas. Il faudra une prise de conscience politique pour ajuster les mutations micro - et macro - économiques. Les politiciens gardent les yeux rivés sur les échéances électorales à court terme, aussi bien que les chefs d'entreprise sur les résultats financiers de leur prochain "quarter".
Et même si les grands décideurs avaient la disponibilité nécessaire, s'ils pouvaient lever les yeux vers les horizons du long terme, personne ne sait aujourd'hui leur apporter les conceptuels nécessaires pour s'y diriger rationnellement. Des concepts comme la virtualité ou l'hypermonde polarisent une part de la réflexion. Mais, au - delà de quelques grandes intuitions, des preuves apportées par l'accumulation des faits, l'essentiel reste à faire.
L'Hypermonde paraît tout proche. Juste un pas à franchir. Mais c'est le Pas de Calais ! Il n'y a qu'à traverser la Manche, et les côtes de la Normandie profilent leurs falaises sur l'horizon. Mais le débarquement pourrait bien être le jour le plus long. Nécessiter la patiente construction du port artificiel d'Arromanches, le regroupement de dizaines de milliers d'hommes sur les rives de l'ancien monde.
PIERRE BERGER
DANS LA PRESSE
Et pourquoi pas une révolution culturelle
"Nation en danger", titre Le monde du 9 juillet dernier, sous la signature de René Lenoir (président de l'Union nationale interfédérale des oeuvres et organismes privés sanitaires et sociaux). Après un substantiel constat qui rejoint les analyses de notre club, l'auteur conclut, avant de passer aux propositions concrètes : "Notre société exclut désormais à partir d'un centre hyper-actif vers une périphérie dispersée et fragilisée.
Mais pourquoi l'auteur arrête-t-il son élan, avec une phrase - clé intellectuellement attentiste : "En attendant la révolution culturelle prophétisée par Keynes, qui apprendra à nos petits -enfants à ne pas trouver dans le travail leur légitimité sociale, commençons à donner du travail à nos enfants". Etant donné qu'il est absolument impossible de donner du travail à la plupart de nos enfants, pourquoi ne pas faire tout de suite cette révolution.
La conclusion, hélas, nous ramène aux slogans... du Front national : "Un territoire se défend, c'est ce que criaient des millions de gens qui ploient sous l'angoisse des lendemains qui déchantent".
Malgré ces limites, l'article fait plusieurs propositions qui, pour le moins, stimulent la réflexion :
- pour la nationalité "D'accord pour l'adhésion consciente mais pour tous, Français de souche comme candidats à la naturalisation".
- pour le commerce international, aux échecs du "free trade", opposons le "faire trade".
Même difficulté à percevoir l'hypermonde dans l'entretien avec Christian Rochefort: "La crise de la consommation est une crise de l'immatériel" (Le Monde du 6 juillet). Ce statisticien voit bien que la consommation de tous les produits dépend de l'imaginaire des consommateurs. Il ne va pas jusqu'à voir que l'immatériel correspond désormais à une réalité technologique : celle que nous consommons derrière nos écrans et demain nos lunettes.
PAUL VALERY AVAIT TOUT COMPRIS
Les années 30 furent aussi fascinantes que les années 90. Les noirs nuages d'orage s'amoncelaient à l'horizon, mais la technologie progressait aussi à pas de géants. Et une part des penseurs de l'époque en prenait pleinement conscience.
Le Club de l'Hypermonde vous propose des morceaux choisis de l'époque. Sur disquette 50 F (précisez la nature du fichier souhaité : Ascii, Word sous Dos, Winword, Word sur Mac), sur papier 300 F.
JURASSIC PARK
Un film très noir. Pas à recommander aux enfants jeunes tellement les dinosaures sont méchants. Presque autant que les hommes, en tous cas l'informaticien. Il y a tout de même une justice : cette véritable ordure se fait manger tout cru par une des horribles bêtes qu'il a contribué à reconstituer. Un bon conseil à la planète : mieux vaut reconstituer le passer en réalité virtuelle qu'en génétique matérielle. Jusqu'à nouvel ordre, les lunettes de Jaron Lanier (notre père à tous) n'ont jamais mangé personne.
SALON DU BOURGET
Pas de nouveauté fracassante cette année au salon de l'aviation. Noter quand même le superbe visuel de casque réalisé par Sextant avionique pour le Rafale. Hors de prix pour les amateurs, bien sûr. Mais comme on nous promet des lunettes à 1000 F pour la fin de l'année, tout le monde pourra bientôt se prendre pour un pilote de Rafale.
LE POSTE DE TRAVAIL DU FUTUR
Le Monde Informatique (du 12 juillet) a consacré un substantiel dossier, signé par Claire Leroy, au "poste de travail du futur". La réalité virtuelle n'est pas oubliée, mais d'autres thèmes retiennent l'attention.
APPRENEZ-NOUS A PRIER
Les auteurs de cette "lettre aux parents pour la formation des jeunes enfants à la prière" ne proposent pas encore le casque à leurs chers petits. Mais comme l'Eglise a su assimiler le livre (après quelques guéguerres de religion), la radio (après la guéguerre de 40) et la télévision (après un Concile qui l'a mise à feu et à sang, du fait des luttes entre progressistes et intégristes), nul doute qu'elle s'assimilera aussi la réalité virtuelle... après un séisme dont nous espérons au moins qu'il ne fera pas de Saint-Barthélemy réelle...
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